De dernier à vice-champion : mon expérience du sport en compétition

Ma première compétition s'est soldée par une dernière place... Quatre ans plus tard, je deviens vice-champion de ma catégorie.

Le motocross

Je n’ai jamais été un grand champion. Ni jamais gagné de compétition prestigieuse. Je n’ai d’ailleurs même jamais été classé dans un championnat national.

Ça n’empêche que j’ai toujours été un grand fan de ce sport. Que ce soit dans les résultats ou dans sa pratique.

Ce n’est pas un sport connu et il n’a pas toujours bonne réputation dû aux problèmes environnementaux et sonores qu’il peut causer (les choses devraient évoluer avec l’arrivée de l’électrique).

Au mieux, il est considéré comme un spectacle, au pire les gens ne le prennent même pas pour un réel sport.

Pourtant, je l’assure, c’est un réel sport avec une fédération, des règles, des terrains homologués, des championnats, des classements, des entraîneurs, des médias, du sponsoring.

Mais ce sport m’a beaucoup apporté de bonheur et de valeurs comme de nombreux sports. Il m’a permis de grandir.

Premiers contacts

L’intérêt pour le motocross remonte déjà à mon grand-père paternel qui aimait se rendre aux compétitions autour de chez lui. Tellement pris d’intérêt pour ce sport, il s’est même mis à traverser la France pour aller voir des grands prix, emmenant avec lui ses deux fils dont mon père. C’est comme ça que lui-même, lorsqu’il eut ses enfants, décida de nous emmener voir quelques courses en France et même à l’étranger. Il aimait le sport et le trouvait impressionnant. De plus, il aimait bouger et voyager, la combinaison des deux lui convenait donc parfaitement 🙂

C’est donc comme ça que moi aussi j’ai accroché, lorsque j’ai assisté à mes premières courses en tant que spectateur. En dehors du fait de partager une activité avec mon père et mon frère, c’est l’ambiance sur la piste et en dehors qui m’ont plu.

Puis vite, j’ai creusé plus, je me suis intéressé à la technique. J’ai été abonné aux magazines qui abordé tous les pans du sport : technique, physique, où rouler, comment performer, les résultats etc. (merci motoverte :))

J’ai passé tellement d’heures à lire les magazines, regarder les vidéos ou lire des blogs. Logiquement, j’ai demandé à vouloir le pratiquer.

Malheureusement, j’ai vite été stoppé : trop onéreux, trop chronophage, trop de compétences d’initiés à avoir (selon mon père en tout cas).

Bref, je suis longtemps resté bloqué au stade de spectateur devant mon ordi ou sur les courses.

Par chance, mon frère qui a plus de 13 ans d’avance sur moi, qui lui aussi n’avait eu la chance de le pratiquer, avait terminé ses études et commencé à travailler. Il a donc rapidement voulu s’essayer, mais aussi m’embarquer dans l’aventure.

Avec le recul, je réalise à quel point l’émerveillement pour une discipline ou un domaine est primordial chez un enfant.

L’importance de prendre du plaisir

Vers l’âge de 14 ans, j’ai vu débarquer mon frère avec une vraie moto de cross (une 85kx pour les puristes).

Lui avait la sienne, mais rapidement, il préfère m’amener sur des terrains ou plutôt champs vagues pour me donner un œil extérieur, des conseils sur la technique. Il avait déjà 26 ans à cette période (mon âge cette année !) et pensait surement qu’il était trop vieux pour se lancer sérieusement dans la pratique. C’est vrai, c’est un sport violent pour les muscles, articulations, qui fait peur au début et qui ne doit pas être évident à apprendre passé la vingtaine.

Bon, ça m’a bien arrangé en fait. Petit à petit, j’ai su passer les vitesses. Puis accélérer à fond sur quelques mètres. Puis prendre un virage. Puis une ornière. Puis rester encore plus longtemps à fond, freiner encore plus fort, passer les vitesses encore plus rapidement. Et même décoller les deux roues du sol. Je peux vous assurer que c’est un sport difficile et ingrat au début, mais lorsque les réflexes commencent à s’installer, même à petite vitesse, les sensations sont déjà là ! Et c’est beaucoup de fun.

—> Fun is the key 😀

Tomber puis se relever

Avance rapide, je m’investi plus, mon frère également. Je mets toutes mes économies sur la table (les noëls, anniversaires, etc) mon frère met pas mal l’argent de sa poche aussi. Il s’improvise mécanicien, coach, chauffeur. J’essaye de m’entrainer régulièrement. Je prends une licence, je me rends sur des vrais terrains. Je prends par ailleurs quelques cours.

J’encaisse mes premières grosses chutes, je découvre les joies de l’hiver, de la boue (coucou les mains gelées), la rage de se faire dépasser par des gamins de 10 ans ultra-énervés pratiquant depuis de nombreuses années déjà.

Plus tard, moment de vérité. Première course.

Pas de suspens ici. Je finis dernier à la première manche, je casse la chaine dans la seconde manche et ne peut terminer. Par manque de matos de rechange, je ne participe même pas à la troisième. L’enfer.

Une histoire de régularité

J’ai continué à m’entrainer. Plus souvent, plus fort, plus sérieusement. Je me suis investi en temps, en argent. J’essayais de faire du sport régulièrement en parallèle. Comme les pros.

Premier championnat complet en 2014. Je ne connais pas tous les terrains ni mes concurrents et je n’ai pas encore de réflexe et habitude de fonctionnement du « milieu ». Surtout lorsque les courses sont à plus de 3h de route.

J’apprends beaucoup. Je comprends comment mon corps fonctionne, j’observe beaucoup les concurrents. Peut-être trop d’ailleurs…

Mes résultats ne sont pas mauvais, je fais de très bonnes courses, j’ai des bons résultats, des bons tours, je gagne même une manche.

Je termine 5ᵉ d’un petit championnat régional sans importance, mais je suis content. Le travail a payé.

Capitaliser sur l’expérience

J’ai 18 ans, je viens d’avoir le bac. Je décide de faire une licence. Ça veut dire arrêt de la moto ou a minima diminution. Le constat est simple : moins de temps, pas sur place. De plus, mon frère prépare l’arrivée d’un enfant et à moins de temps à m’accorder.

Manque de chance, j’ai demandé une fac à Paris, mais je suis seulement accepté à Nice (soit à plus de 8h de train de chez mes parents). Je mets le sport entre parenthèse. Et je profite de ma jeunesse d’étudiant.

1 an s’écoule et mes études ne me plaisent pas. Je m’ennuie. La moto me manque. J’ai aussi un sentiment d’inachevé. Je travaille deux mois l’été dans un supermarché. Je rassemble à nouveau toutes mes économies puis je décide de me racheter une moto et de mélanger en parallèle de ma licence deux dans une derrière saison.

Je veux surfer sur l’expérience que j’ai prise et je pense que j’ai encore quelque chose à jouer. M’entrainer et plus simple, j’ai mes habitudes, je sais quels point je dois travailler etc.

Résultat, je repars sur ma deuxième (et dernière) saison complète. Je ne suis plus dans la découverte. Tout est plus simple. J’ai l’impression que j’ai juste à penser à mon pilotage. J’ai plus d’autonomie même si mon frère continu de m’accompagner.

Première manche de la toute première course de la saison : je GAGNE avec de l’avance ! Je suis moi-même surpris, d’autant que j’avais de la fièvre la veille. C’est incroyable. Je pense directement au titre que je peux jouer.

Finalement, la saison se déroule avec ses hauts et ses bas. Je fais souvent de bonnes courses, je gagne des manches, je me fais plaisir sur chaque course. Je pâtis du manque de roulage certaine fois avec des maux de bras, la fatigue des aller-retour entre Nice et chez mes parents.

Je conclus cette saison en 2ᵉ position. La place du « con ». Mais ce n’est pas grave. J’ai un sentiment d’accomplissement. Je peux passer à autre chose.


Grandir, puis partir…

Ces années m’ont beaucoup appris, même si j’ai pas réussi à reconnecter tous les éléments sur le moment.

Bien sûr, comme n’importe quel sport pratiqué en compétition, il y a les notions d’adversité, de combativité, d’engagement qui ressort.

Il m’a appris à être humble, à apprendre, à observer, à être obstiné, à m’intéresser à la performance, à prendre des claques. La parallèle avec la vie, l’investissement est pour moi évident.

Plus personnellement, le sport en compétition m’a permis de donner un sens à ma jeunesse, souvent à un âge où l’on se cherche et l’on peut vite s’embarquer dans une vie sans trop de sens.

Je n’ai depuis presque pas retouché à une moto. J’ai chez mes parents une minimoto avec laquelle je faisais quelques tours quand je vais le temps avec mon frère ou des amis.

Pour mieux revenir ?

J’ai pendant un temps hésité à créer un média consacré à ce sport après y avoir effectué quelques piges en tant que journaliste.

Et puis ce n’était jamais le moment à cause de mes études que je voulais à tout prix terminer.

Puis j’ai vu que des gars eux n’avait pas forcément attendu, quelques médias sont fleuris. Les médias déjà en place se sont encore plus professionnalisés, sont passés à fond au numérique. Ce n’est pas une excuse, mais j’avais déjà l’impression d’avoir loupé un train.

J’ai commencé à me dire que ça allait être compliqué et que même si ca fonctionné que le marché et très petit et donc peut-être que j’allais être esclave de mon business pour très peu de retour et que cela transformerait une passion en cauchemar.

J’étais à Paris pour la fin de mes études, je commençais aussi à voir autre chose, je me suis aussi dit que ça serait débile de m’enfermait dans quelque chose, dans un petit milieu qui plus est. J’avais accès à d’autres choses, d’autres personnes aussi, de milieu et d’horizon différent. Résultat c’est aussi une illusion et il est toujours possible de connecter avec d’autres personnes

Concernant la pratique, c’est encore pire. C’est tellement cher que ca n’aurait aucun sens de consacrer toutes mes économies à sa pratique, surtout en vivant en ville, à paris qui plus etc.

M’étant lancé dans d’autres projets et ayant pris confiance dans le lancement de projet physique, je me suis dit qu’un jour, ça pourrait être pas mal de créer un centre d’entrainement. On en discutait déjà à l’époque avec mon frère quand je pratiquais. On pensait à un complexe complet avec salle de sport, terrains multiples etc

Alors pourquoi pas dans quelques années si mes finances me le permettent ?

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